Thursday, January 19, 2023

Yahvé embrase l'autel d'Élie au Carmel: description

 


 On reconnaît aisément, au milieu du tableau, l'autel, très grand, mais sans qu'on puisse dire qu'il soit fait de douze pierres. Au-dessus, un taureau blanc orné de guirlandes est fort analogue à celui que l'on voit sur l'autel des prêtres de Ba'al. Le modèle devait représenter le bœuf classique à garos bas; on voit nettement que le peintre a rehaussé le garrot pour représenter la race locale. Le feu du ciel descend comme un brasier rouge. 


A droite, trois personnages de grande taille, en costume grec, paraissent s'avancer vers l'autel. Le premier en gravit déjà les marches. Il a le bras droit levé comme celui qui est en arrière, et il est vêtu de blanc. On peut se demander si ce personnage n'est pas Éli lui-même. Le groupe qui le suit représenterait le peuple s'approchant sur l'invitation d'Élie (I Rois, XVIII, 30). 

Un autre personnage imberbe, jeune à ce qu'il semble, est représenté à droite de l'autel, et de face; vêtu d'un costume grec, blanc, il élève le bras droit. Ce personnage, qui est censé en arrière, est de petite taille par rapport au groupe de gauche. Son allure juvénile a fait penser qu'il représentait peut-être Élisée, bien que celui-ci, à la vérité, ne se soit attaché à Élie que postérieurement (I Rois, XIX, 16, 19-21). Mais ce personnage ne serait-il pas plutôt Élie lui-même? Influencé par l'iconographie tardive, on se représente le prophète comme un vieillard barbu. La frise de La Résurrection de l'enfant (numéro 27) montre que, pour les peintres de la synagogue, Élie était jeune et imberbe. 

La partie droite est un peu resserrée; le peintre peignant en avançant de gauche à droite s'est trouvé sans doute manquer de place en parvenant à cette extrémité du mur. Il semble néanmoins avoir tenu à représenter l'épisode des quatres jarres versées sur l'holocauste. Nous voyons en effet à droite quatre jeunes gens porteurs de jarres. Leur simple tunique courte laissant les jambes nues est l'accoutrement des enfants. Deux, en bas, s'avancent de face portant une cruche derrière l'épaule gauche en un geste encore familier en Orient. Les deux porteurs du haut jettent l'eau sur l'holocauste selon l'ordre d'Élie (XVIII, 34).




Comte du Mesnil du Buisson. Les Peintures de la Synagogue de Doura-Europos, 245-246 après J.-C., Roma, Pontificio Istituto Biblico. Piazza della Pilotta, 35.  1939.

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