Le peintre de la synagogue a représenté ce drame en deux scènes formant une frise à lire de gauche à droite.
La première représente Joab, en costume perse, un genou en terre, se cramponnant aux angles d'un autel monumental de couleur jaune. Il est vêtu d'une tunique rouge avec broderies et ceinture blanches et d'une culotte verte; il est chaussé non des bottes blanches habituelles mais de souliers noirs. David fait allusion, en effet, aux "souliers" (na'al) et à la ceinture que portait Joab au moment de son crime (I Rois, II, 5); ceinture et souliers présentaient sans doute des traces de sang que le mauvais état de la peinture a fait disparaître. Quant à l'épée que Joab porte à son côté gauche, elle rappelle ses fonctions militaires - chef "sur toute l'armée d'Israël" (II Samuel, XX, 23) - mais aussi le meurtre d'ʿAmâsâ', car Joab portait à ce moment "le ceinturon de sa tunique" avec "une épée au fourreau sur ses reins". C'est de cette arme qu'il éventra son compagnon peu diligent (II Samuel XX, 4-13), comme déjà il avait éventré Abner (II Samuel III, 27).
Un soldat en riche costume hellénistique, cuirasse jaune à lambrequins, manteau rose et casque aussi jaune, se saisit de Joab pour le livrer au glaive de Benajâ. En arrière le tabernacle de Yahvé est représenté par une tente de toile verte à bandes noires, semblable à celle du Tableau de Moïse et le miracle de l'eau dans le désert (numéro 13); les cordes de tension sont visibles. La tente est ouverte sur le devant et l'on aperçoit à l'intérieur une représentation très effacée. sur le fond noir, on voyait encore, à l'époque de la découverte, un objet blanc ressemblant à un autel ou à une cuve rectangulaire surélevée. On ne peut reconnaître l'arche qui serait peinte en jaune. En avant, sont deux gros objets ronds, jaunes. Il figurent sans doute les vases d'or et les boucliers d'or, conquis par David, avec l'aide de Joab, et consacrés dans la tente de Yahvé (II Samuel VI, 17; VII, 2, VIII, 7 11 et 16).
Comte du Mesnil du Buisson. Les Peintures de la Synagogue de Doura-Europos, 245-246 après J.-C., Roma, Pontificio Istituto Biblico. Piazza della Pilotta, 35. 1939.
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