Friday, June 24, 2022

La ville Moderne: Période I

 


 

 L'étude de la ville à partir de cette époque appartient au domaine de la géographie plutôt qu'à celui de l'histoire: néanmoins on dira sommairement, pour ne pas laisser ce tableau incomplet, quelles sont les tendances nouvelles qui se font jour alors, et l'action qu'elles ont eue sur l'évolution urbaine.


On peut distinguer deux périodes dans la formation de la ville moderne.

Durant la première, qui commence à l'occupation égyptienne (1832) pour se terminer, en même temps que la domination ottomane, en 1918, l'influence européenne ne se fait sentir que par l'intermédiaire d'Orientaux: fonctionnaires égyptiens, pāšas "modernistes" (Madḥat pāša), jeunes turcs; cette influence ne s'exerce donc pas pleinement.

Elle se traduit d'une part par l'intervention de nouvelles préoccupations, en particulier des considérations d'hygiène et de circulation; d'autre part, par une réorganisation administrative, qui amène à construire nombre d'édifices spécialisés. 

Ceux-ci se groupent sur les terrains non bâtis qui s'étendent à l'ouest de l'ancienne ville, notamment sur "la prairie" (al-Marja) qui occupe les bords du fleuve: hôtel de l'administration civile (as-Sarāya) - distinct désormais de l'État-Major (al-Mušīrīya) -, municipalité, hôtel des postes, palais de justice, faculté, casernes, gares des chemins de fer de Beyrouth et du Ḥijāz, compagnie des tramways, etc. 

Le souci d'hygiène provoque, avec l'aménagement d'une nouvelle conduite d'adduction d'eau, la formation de faubourgs très loin du centre traditionnel. C'est au flanc de la montagne, à l'extrémité occidentale d'es-Ṣāliḥīya, que l'administration fixe, à la fin du dix-neuvième siècle, des musulmans de Crète dont le quartier, tracé suivant un lotissement régulier, prend le nom d'al-Muhājirīn ("les émigrés"). L'abondante ventilation et le beau panorama qu'offre ce point attirent l'aristocratie turque, qui vient à son tour s'y établir, au milieu des jardins, un séjour plus agréable que dans la vieille ville, et leurs maisons commencent à s'aligner en bordure de cette route.

Le désir d'assurer la circulation des voitures, récemment introduites, fait élargir le principal sūq, celui qui correspond à l'avenue romaine; la diminution de l'espace réservé au commerce se trouve bientôt compensée par la création de nouveaux sūqs sur le fossé de la Citadelle, comblé et loti par les soins du gouvernement.



La seconde période commence en 1921, avec l'établissement à Damas du Mandat Français. 





Jean Sauvaget. Esquisse d'une histoire de la ville de Damas. Revue des Études islamiques, 1934, p. 422-480.

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