Thursday, June 9, 2022

La ville araméenne

 


 Le temple et le tell التلّ (et avec lui le palais) constituent évidemment les deux centres autour desquels s'est développée l'agglomération urbaine, mais nous ne saurions évaluer la superficie de cette dernière, faute de connaître le tracé de la muraille fortifiée qui devait, selon la coutume de l'époque, l'envelopper de toutes parts.


L'aspect de la ville à cette date, tel que nous permettent de la restituer les documents livrés par les fouilles, devait être à peu près celui qu'offrent aujourd'hui les villages des environs qui se sont développés dans les mêmes conditions (il faut compter aussi avec la parfaite stabilité des facteurs naturels et l'archaïsme dont témoignent partout les populations rurales). Comme toutes les agglomérations qui ont grandi sans plan directeur préétabli, Damas devait être alors totalement dépourvue d'ordre et de symétrie, l'implantation des maisons et le tracé des rues ne connaissant d'autres règles que celles qu'imposaient les accidents du sol, les limites des propriétés individuelles et le caprice de chacun. Tout souci d'esthétique urbaine était exclu; il est vrai que le mode de construction en usage n'était guère favorable à des recherches de ce genre. On bâtissait normalement en terre, employée soit en grands panneaux de béton, soit sous forme de briques crues remplissant les vides d'une armature de bois (les troncs de peupliers de la vallée): procédé simple et peu onéreux, n'exigeant pas d'autres matériaux que ceux que l'on trouve sur place. Mais des constructions ainsi faites sont d'un extérieur peu engageant, n'offrant aux regards que des masses cubiques, aux murs aveugles enduits d'un mélange de terre et de paille hachée (photo). Elles sont aussi d'une extrême fragilité.

Les grands édifices étaient vraisemblablement bâtis suivant les mêmes procédés traditionnels que les constructions privées, mais l'emploi de ces techniques rudimentaires n'excluait pas un certain luxe dans leur aménagement intérieur. Le temple, du moins, renfermait un autel assez beau pour que le roi de Juda Achaz, en fit placer une copie dans le temple de Jérusalem.





Jean Sauvaget. Esquisse d'une histoire de la ville de Damas. Revue des Études islamiques, 1934, p. 422-480.




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