Tuesday, June 21, 2022

Siècles Ottomans


 Jusqu'à la fin du dix-neuvième siècle, la grande ressource de la ville sera le pèlerinage de la Mecque.


Tout le commerce en rapport avec le pèlerinage se concentre, comme on pouvait s'y attendre sur la route de la Mecque. Il se développe là, en dehors de la porte occidentale de l'enceinte et sur le bord du fossé, au lieu dit as-Sinānīya (du nom de la mosquée voisine, bâtie par Sinān paša) un groupe de sūqs où les voyageurs, usagers des caravanes, les paysans qui convoient le blé, les nomades qui louent les chameaux trouvent tout ce qui leur est nécessaire: vêtements spéciaux, bottes, matériel de campement, sacs, bâts, etc. Au delà, sur la route qui mène à la fois vers le Ḥijāz et vers les riches terres à céréales du Ḥōrān, les entrepôts de blé viennent se juxtaposer sans solution de continuité entre les mausolées mamlūks, formant ainsi un interminable faubourg long de 3 kilomètres qui absorbe un village de banlieu, al-Qubaybāt ("les petites coupoles"), agglomération de maraîchers qui cultivait les terres avoisinantes. Le voisinage de l'ancien Hippodrome des Cailloux lui fait donner le nom d'al-Mīdān ("l'Hippodrome") et son extrémité sud, par laquelle les pèlerins quittent la ville pour gagner "la maison sacrée de Dieu" prend le nom de Bāb Allāh ("la Porte de Dieu"). Sa population se recrute exclusivement parmi les marchands de blé, les paysans, les bédouins et leurs satellites. Le marché aux chameaux trouve sa place logique aux abords immédiats de ce faubourg spécialisé, tandis que le marché aux chevaux, perdant de son importance, est envahi peu à peu par les sūqs qui le bordaient.

Le prodigieux recul des frontières politiques mettant le ville à l'abri des entreprises ennemies, les anciennes fortifications sont, pour ainsi dire, déclassées: les maisons d'habitation envahissent le rempart; le fossé, qui et le dépotoir général, est comblé peu à peu par les immondices.  La Citadelle tombe en ruines et n'est plus guère occupée que par une poignée d'hommes désœuvrés; elle conserve cependant son caractère: comme au temps des mamlūks, elle relève directement du sultan et elle a son gouverneur spécial, symbolisant ainsi l'autorité impériale, perpétuelle menace pour le paša. Ce dernier a sa résidence et les bureaux de ses services en dehors de l'enceinte, au Sérail, au voisinage duquel l'aristocratie turque élit naturellement domicile, créant ainsi le long de l'aqueduc romain le faubourg d'al-Qanawāt ("les prises d'eau"). Par ailleurs, les autres faubourgs (Suwayqat Ṣārūja, al-ʿUqayba, as-Suwayqa) connaissent une nouvelle extension sous l'influence de l'activité générale, et il en est de même d'as-Ṣāliḥīya, grâce à l'arrivée d'une nouvelle colonie de Kurdes. C'est dans le quartier chrétien de Bāb Tūma, où s'élèvent de belles maisons, que les Européens (consuls, missionnaires, négociants) s'installent au milieu de leurs coreligionnaires.






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