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La seconde période commence en 1921, avec l'établissement à Damas du Mandat Français: l'évolution de la ville dans le sens de l'Occident se trouve alors précipitée, d'une part du fait que des Européens participent à l'administration du pays, d'autre part à cause de l'installation d'une colonie française, numériquement faible, mais puissante en raison de sa richesse relative, de sa cohésion, et du prestige social et culturel dont elle jouit.
C'est à cause de sa présence, et pour son usage, que les quartiers situés entre as-Ṣāliḥīya et la vieille ville, restés jusque-là embryonnaires, se développent soudain, en moins de dix ans, au delà de toutes les prévisions (al-Jisr الجسر, ʿArnūs عرنوس, aš-Šuhadāʾ الشهداء). Ils offrent exactement l'aspect de nos villes occidentales; les rues y sont larges et droites, et on n'y trouve pas trace de cloisonnement ethnique: Européens et Syriens y vivent côte à côte. Les Chrétiens du pays eux-mêmes, délaissant, la sécurité venue, leur ancien centre de Bāb Tūma, y habitent de plus en plus volontiers. Des boutiques se développent maintenant d'un bout à l'autre de l'artère axiale de ces nouveaux quartiers, lui donnant l'allure non pas d'un sūq mais bien d'une rue marchande européenne, où les commerces les plus divers se trouvent juxtaposés.
Le mouvement ainsi créé apparaît comme irrésistible: depuis quelques années, ces quartiers neufs tendent à monopoliser tout le côté moderne de la vie urbaine, et tous les organes fondamentaux de la civilisation contemporaine (administrations, banques, hôtels, hôpitaux, etc.) s'y transportent un à un. Il se crée ainsi de toutes pièces une ville nouvelle, à côté de la vieille ville, qui ne renfermera bientôt plus, autour des sūqs agonisants, que quelques organismes archaïques (patriarcats, tribunal du qāḍi) et l'Institut Français, avec les classes les plus pauvres de la population.
Jean Sauvaget. Esquisse d'une histoire de la ville de Damas. Revue des Études islamiques, 1934, p. 422-480.
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