Friday, June 3, 2022

Un fleuve nommé Barada

 


 Né à 1.1000 mètres dans l'Anti-Liban, il coule d'abord au fond d'un ravin fort étroit, puis se glisse en plaine pour aller se perdre dans les steppes au fond d'une cuvette sans écoulement où il forme de vastes marécages. L'altitude et le profil de sa vallée dans la partie supérieure de son cours lui imposent l'allure d'un torrent, à l'eau rapide et glacée, qui serait infailliblement à sec la majeure partie de l'année s'il n'était grossi, à 20 kilomètres en amont de Damas, par une source considérable qui lui apporte en période d'étiage l'appoint de 5 mètres cubes à la seconde. C'est cette eau intarissable qui a rendu possible, à défaut de pluies régulières, la vie végétale et animale, et par conséquent l'habitat humain. Mais la vallée n'aurait jamais été qu'un maigre ruban de verdure au milieu des steppes brûlées si l'homme, au moyen d'un ingénieux système d'irrigation qui porte loin de son lit l'eau du fleuve, procurant à la terre desséchée l'humidité fécondante qui la rend propre à la culture, n'avait créé là une oasis artificielle de 20 kilomètres de long.


Le climat est favorable aux cultures méditerranéennes (blé, olivier, vigne, grenadier), mais ce seront surtout, grâce à l'abondance de l'eau, des plantes accoutumées, sous des latitudes plus septentrionales, à une humidité continuelle qui formeront la grosse masse de la végétation (abricotier, noyer, néflier, peuplier, saule, platane). La rigueur de l'hiver, conséquence de l'altitude, s'oppose à la culture de l'oranger et du dattier. 





Jean Sauvaget. Esquisse d'une histoire de la ville de Damas. Revue des Études islamiques, 1934, p. 422-480.




No comments:

Post a Comment