Damas primitive

 

 Nous ne possédons naturellement aucune donnée certaine sur l'époque de la fondation de la ville, ni sur les circonstances dans lesquelles elle a trouvé place.

Dès les premières mentions qui nous en sont faites par les textes égyptiens et assyriens, Damas nous apparaît comme un centre économique et politique dont l'importance est due, de toute évidence, à la richesse exceptionnelle de l'oasis qui entoure la ville. Mais cette richesse elle-même est liée d'une manière indissoluble à l'irrigation, qui rend seule possible l'existence d'une végétation durable sur une terre grillée par le soleil durant les trois quarts de l'année: il nous faut donc admettre que le vaste ensemble de dérivations du fleuve qui a permis la création de l'oasis était déjà constitué, soit dans ses lignes essentielles, soit en partie seulement, au moins dès le milieu du second millénaire avant notre ère. Que l'on songe maintenant au caractère rudimentaire de l'outillage humain en ces temps où l'on ne connaît guère que la pierre, le bois et, dans une mesure restreinte, le bronze; qu'on se représente, d'autre part, la complexité de ce système d'irrigation dont la conception seule suppose une certaine connaissance des lois fondamentales de l'hydraulique, et qu'on essaie d'évaluer le nombre des siècles qui durent s'écouler avant que l'homme ait acquis la science et l'outillage indispensables à la création des dérivations du fleuve: la prospérité économique de la Damascène et la grandeur de la ville à la fin du second millénaire, nous apparaîtront alors comme le fruits d'efforts poursuivis sans relâche durant plusieurs milliers d'années, et par conséquent comme le terme d'une lente et longue évolution.

Jean Sauvaget. Esquisse d'une histoire de la ville de Damas. Revue des Études islamiques, 1934, p. 422-480.