Beth Shemesh: la Porte Principale

 

 Dans l'encadrement de pierre, l'artiste a figuré en jaune et brun une porte à deux battants; peut-être a-t-il voulu représenter des portes en bronze doré, semblables à celles des propylés du temple de Bêl, à Palmyre. Les xix vantaux correspondants aux trois portes, comme ici, y furent renouvelés en 175 È.C. Le vantail de droite de la grande porte peinte à Doura est ainsi décoré: dans le panneau du haut, un bœuf au garrot très élevé est couché, tourné vers la gauche. Dans le panneau du milieu, un dieu aux formes juvéniles nu de face, lève le bras gauche et ramène le droit vers la hanche; sur sa tête est placé un calathos de dimension réduite. De chaque côté, figure une divinité nue, de plus petite taille, à droite en dieu, à gauche une déesse, à ce qu'il semble. Au-dessus, on remarque deux fleurons à huit pétales. Dans le panneau inférieur, une déesse vêtue à la manière grecque porte une corne d'abondance dans la main gauche et s'appuie de l'autre main sur un gouvernail. La tête de la déesse est nimbée et un calathos sert de coiffure. Le vantail de gauche est semblable, avec cette différence que le taureau est tourné vers la droite, que le grand dieu nu élève le bras droit et abaisse la gauche, et que la place des deux petites divinités est aussi inversée. L'encadrement des panneaux est formé par une bande garnie de clous à grosse tête ronde. 

La décoration des vantaux paraît grouper trois divinités principales, reproduites deux fois. Celle du haut, représentée par un taureau couché, est Hadad. On sait que l'Hadad héliopolitain est toujours figuré entre deux taureaux et à Doura même Hadad apparaît dans son temple accosté d'un taureau. La divinité du bas est très certainement son épouse Atargatis, figurée sous les traits de la Fortune. Atargatis était identifiée à la Tyché de Palmyre, et elle était aussi une des grandes déesses de Doura; une corne d'abondance convenait bien à une déesse de la fécondité. 

Pour le troisième dieu placé au milieu de la porte centrale, c'est sûrement "le dieu fils" de la triade. Le caractère juvénile du dieu ne laisse aucun doute à ce sujet. Il est représenté nu et coiffé du calathos des divinités solaires. Un panneau décoratif de la frise du soubassement, dans la synagogue, permet mieux de juger la curieuse forme prise ici par ce calathos de dimensions extrêmement réduites. Quant aux deux petites figures qui paraissent à droite et à gauche, on les retrouve souvent en Syrie; leur rôle n'a jamais été éclairci.

Comte du Mesnil du Buisson. Les Peintures de la Synagogue de Doura-Europos, 245-246 après J.-C., Roma, Pontificio Istituto Biblico. Piazza della Pilotta, 35.  1939.

Beth Shemesh ou le Temple restauré: introduction