Les cinq personnages qui accompagnent le Grand Prêtre sont vêtus du costume perse habituel; leur chevelure est bouffante à la mode iranienne. Des tentures sont suspendues au-dessus de ceux qui avoisinent les angles du haut, comme en arrière du Grand Prêtre; les teintes sont rouge, verte, ou rose avec des raies noires.
Les figures placées aux côtés d'Aaron, deux de chaque côté, tiennent dans leurs mains une trompette ou plutôt une corne et paraissent prêtes à jouer de cet instrument. Il est formé d'une corne naturelle, semble-t-il, plus ou moins blonde, garnie d'une bande d'argent sur le bord du pavillon. On a peine à reconnaître les textes dont le peintre a pu s'inspirer. Les trompettes que fit Moïse, sur l'ordre de Dieu, étaient d'argent et au nombre de deux. L'usage en était reservé aux prêtres, qui s'en servaient notamment pour appeler le peuple aux assemblées et aux fêtes. Ils sonnaient aussi pendant les sacrifices (Nombres, X).
Le personnage le plus petit, qui se tient à côté du Tabernacle, paraît se diriger vers Aaron. Il tient de la main gauche un objet blanc ovale qui ressemble plutôt à un pain qu'à une monnaie. Le Lévite peint à gauche fait le même geste, et tient un objet semblable. Ces figures paraissent présenter l'oblation de pain sans levain décrétée par le Lévitique (II, 4-13).
Enfin le personnage du bas, à gauche, est en train de sacrifier un taureau. De la main gauche, il a saisi l'animal par la corne, et de la main droite il brandit une hache, dont il va frapper au front. Cette scène de sacrifice, fort intéressante, est en désaccord complet avec les anciennes pratiques sacrificielles juives. La place du sacrifice, hors de l'enceinte, est faussement indiquée, puisque celui-ci avait lieu dans la cour, devant le Tabernacle et au nord de l'autel. Le sacrificateur devrait poser la main sur la tête de la victime (Lévitique, I, 4), mais surtout celle-ci devrait être égorgée avec un couteau, non frappée au front avec une hache. Le sang était soigneusement recueilli.
Le peintre s'est évidemment contenté d'un modèle emprunté au répertoire classique. Le modèle utilisé paraît provenir de l'iconographie romaine où l'on connaît bien le thème du taureau de sacrifice abattu à la hache. Nous croyons que le peintre n'a eu en vue aucune scène précise, mais qu'il a voulu nous donner comme un résumé de la vie rituelle et liturgique d'Israël avec sa prêtrise, son sacrifice perpétuel, ses fêtes, dans le cadre de son sanctuaire et de ses objets sacrés. On remarquera cependant que c'est surtout la partie sacrificielle du culte qui est résumée dans ce tableau.
Mais ce qui frappe dans le tableau d'Aaron c'est la façon dont le peintre a utilisé le texte sacré. Au lieu d'une reconstitution historique, il a cherché, par une traduction libre et modernisée, à produire une œuvre claire pour ses contemporains. Le passé n'y apparaît que pour justifier et expliquer la liturgie juive de l'époque des peintures. Ce tableau est une composition d'enseignement catéchétique.
Comte du Mesnil du Buisson. Les Peintures de la Synagogue de Doura-Europos, 245-246 après J.-C., Roma, Pontificio Istituto Biblico. Piazza della Pilotta, 35. 1939.
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