L'Arche est une sorte d'armoire arrondie à la partie supérieure; les couleurs jaunes indiquent qu'elle était dorée. Le fronton arrondi est orné de trois fleurons à huit pétales. Trois guirlandes de feuillage, dorées, chargées de sept cabochons, passent sur les panneaux. L'arche est surmonté d'un baldaquin rose et entourée, à ce qu'il semble, d'une lourde draperie comme celle dans le Livre des Nombres (IV, 5-6). Le peintre n'a pas figuré le coffret contenant les offrandes d'or.
Le chariot retiendra l'attention. La Bible ne donnant guère de détail à son sujet, l'artiste a copié un modèle de trois quarts, mais il ne l'a pas compris, Il a représenté certaines parties de face, et d'autres, comme la caisse du char, de profil. Il a reporté en avant de la caisse les deux roues vues obliquement et les a réunies par l'essieu placé par derrière. On remarquera que les rayons imitent le fleuron solaire souvent noté dans les fresques de la synagogue et ailleurs encore, à Doura.
Le baldaquin, par une nouvelle entorse à la perspective, est vu de face. La tenture rose est soutenue par un mât évidemment placé à la partie postérieure du char, et sa hauteur excessive paraît motivée par la forme de l'arche d'alliance placée en avant.
Ce genre de char, composé essentiellement d'une litière sans aucune place pour le conducteur, nous paraît être du type funéraire traditionnel, d'inspiration hellénistique.
Le peintre de la synagogue a-t-il vu à Doura des chars funèbres d'un modèle aussi luxueux? C'est possible, et tout spécialement dans le temple d'Adonis voisin. Les funérailles de ce dieu, une des principales manifestations de son culte, se déroulaient annuellement dans la longue cour du temple. Il y fallait un char funèbre. Comme ces funérailles de la végétation étaient intimement liées au mythe solaire, les roues du char affectaient peut-être la forme d'un fleuron astral. Il est fort possible que le peintre se soit inspiré encore ici de l'objet rituel païen.
Comte du Mesnil du Buisson. Les Peintures de la Synagogue de Doura-Europos, 245-246 après J.-C., Roma, Pontificio Istituto Biblico. Piazza della Pilotta, 35. 1939.
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