En résumé, ce tableau qui prétend nous montrer une scène biblique, nous renseigne en réalité, semble-t-il, sur plus d'une pratique et d'une croyance païennes.
Au point de vue de la composition artistique, le tableau ne nous présente pas un action continue. Entre les chutes de Dagon et le retour de l'arche sept mois se sont écoulés. Chacune des deux scènes est complète et distincte, et on ne peut nier cependant qu'un lien les unit. Dans la première, l'arche n'apparaît pas: elle a déjà quitté le temple de Dagon. Cependant à la voir s'éloignant sur la gauche, on a l'impression qu'elle sort du temple. Dans la scène de gauche, le pays des Philistins n'est rappelé par aucun détail caractéristique: mais en apercevant sur la droite le temple de Dagon ravagé, on ne peut s'empêcher d'évoquer le souvenir des malheurs qui viennent de frapper les Philistins. Bien plus, si l'on admet notre identification du tableau suivant avec Beth Shemesh, un lien apparaît encore très nettement entre les deux tableaux voisins. Il semble que les vaches soient déjà sur le point d'atteindre le temple multicolore, qu'on voit à droite, en prouvant ainsi que c'est ben Yahvé qui a frappé ses ennemis.
Notons enfin que nous avons ici un exemple d'états successifs combinés dans la même scène, suivant un procédé déjà observé dans le dernier épisode de la frise de la Sortie d'Égypte (numéro 4): dans la première scène, ici, le peintre a su évoquer à la fois les deux chutes de Dagon et son temple vide après le départ de l'arche, c'est-à-dire trois moments différents.
Comte du Mesnil du Buisson. Les Peintures de la Synagogue de Doura-Europos, 245-246 après J.-C., Roma, Pontificio Istituto Biblico. Piazza della Pilotta, 35. 1939.
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