La cella périptère représentée ici de trois quarts, est d'ordre corinthien sur un soubassement (podium) de deux hautes marches, composées chacune de deux assises de pierre. La façade antérieure présente une porte à doubles vantaux dorés, dont les panneaux sont sans ornement. Au fronton de l'édifice se remarque un grand cercle orné au centre d'une fleur à seize pétales. C'est là très certainement le disque et le fronton solaire. Sur les côtés, des pampres enroulés soutiennent encore des représentations du fleuron astral. Le fronton est soutenu par quatre colonnes corinthiennes, et les longs côtés présentent un alignement de sept colonnes, nombre intentionnel sans doute. On a suggéré que la maison bâtie par la Sagesse avec sept colonnes (Proverbes, IX, 1) n'est autre que le cosmos et les planètes. Bien que dans le tableau de Doura les sept colonnes ne soutiennent qu'un des côtés de l'édifice, l'association ave les murs de couleur impose la même explication: une fois de plus le peintre nous met en présence de conceptions cosmiques qui lui viennent très probablement de la religion astrale des Babyloniens.
Aux angles de la cella, les acrotères sont constitués par des Victoires ailées posées sur des globes célestes et tenant des couronnes. Le sujet est banal à Doura; cependant la façon alerte dont ces silhouettes ont été tracées en noir mérite l'attention. On reconnaît la même main utilisant la même technique, avec le même sujet, dans le tableau d'Aaron: Les acrotères du Tabernacle sont identiques à ceux de notre temple. Le même sujet, figuré de semblable manière en silhouette noire, se retrouve dans le tableau de l'Exode antérieurement peint; cette comparaison nous a fait penser que les figures noires qui couronnent la porte de la ville dans ce tableau avaient été rajoutées par le peintre du deuxième registre. La silhouette de divinité masculine, nue et doryphore, est étroitement apparentée au dieu que nous avons identifié avec le dieu fils.
Le reste de l'ornementation de la cella, dans le temple qui nous occupe, est peu caractéristique. Le toit, comme celui du Tabernacle dans le tableau d'Aaron, et fait de grandes tuiles romaines, très rares à Doura, mais répandues ailleurs en Syrie. La ville, du reste, au troisième siècle, ne possédait plus aucun édifice de ce style, et le modèle encore a été pris à Palmyre, à Baalbek ou dans les villes de la côte. L'ensemble du tableau représente donc indubitablement un temple de Soleil associé aux planètes et considéré comme le dieu fils dans la triade héliopolitaine.
Comte du Mesnil du Buisson. Les Peintures de la Synagogue de Doura-Europos, 245-246 après J.-C., Roma, Pontificio Istituto Biblico. Piazza della Pilotta, 35. 1939.
No comments:
Post a Comment